Niki de Saint Phalle

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Académie des Beaux-Arts de Watermael-Boitsfort​Muriel Borreman
Cours d’Histoire de l’Art – Francois Liénard​​année 2015-2016.
Elève : Muriel Borreman TRANSITION C3.3

Niki de Saint-Phalle (1930-2002)

Sa vie et son parcours

Artiste autodidacte, n’ayant pas suivi d’école d’art, elle se dit « outsider »,
« Expressionniste » dans le sens où elle ne met guère de distance entre elle et ses œuvres et privilégie l’intuition plutôt que la réflexion.
Toute son œuvre est autobiographique, en ce sens qu’elle se projette dans toute son œuvre.
L’originalité de sa création tient de sa personnalité, fantasque, libre, audacieuse, obstinée, qui va le plus possible en profondeur dans la poésie, se nourrit des mythes, des contes de fées et des monstres. Elle essaye  » d’amadouer  » les forces négatives en elle, ne les évite pas… mais les contourne par la poésie des contes de fées, de façon à les apprivoiser. Elle sait maîtriser ses angoisses en leur donnant une expression joyeuse.
Ses sculptures ont une force plastique exubérante, ce qui réveille parfois des forces destructrices en nous…. où nous met en contact avec une énergie jubilatoire, un bonheur rare…

Elle est projetée sur la scène artistique internationale par ses célèbres tirs et rejoint à ce moment le mouvement des Nouveaux Réalistes en 1961, à l’initiative de Pierre Restany, subjugué par la performance artistique de Niki de Saint Phalle.
Elle Devient du même coup une artiste à part entière…

L’artiste sait mobiliser l’audace de sa liberté et la force de sa conviction. Cette quête artistique sera intensément vécue, elle se dit obsédée par sa création et elle se séparera des personnes dont l’influence contrarie cette quête….
Pour se consacrer pleinement à son art elle se sépare de son mari Harry Mathews, dont elle a eu deux enfants.

Le sculpteur suisse Jean Tinguely la soutiendra dans sa création artistique et leur admiration mutuelle évoluera en une relation plus profonde. Il sera quelque temps plus tard son compagnon et se marieront en 1971.
Ils réaliseront beaucoup d’œuvres ensemble, se stimulant l’un l’autre (la sculpture Hon, le paradis fantastique, le golem, etc…) mais Le jardin des Tarots sera l’œuvre culminante de Niki de Saint Phalle, jardin jubilatoire exubérant, véritable ode à la vie et qui invite à un cheminement basé sur les 22 cartes du tarot.

Mouvement des Nouveaux Réalistes (1960-1970)

Ce mouvement est fondé en 1960 par le peintre Yves Klein et le critique d’art Pierre Restany lors de leur première exposition collective d’artistes français et suisses à la galerie Apollinaire de Milan.
Ce mouvement est contemporain du Pop Art américain (retour de l’objet qui critique la société ou pas, en opposition à l’abstraction lyrique) et il est présenté comme la version française.
Avec le mouvement « Fluxus » il incarne l’une des nombreuses tendances de l’avant garde dans les années 1960, sera dissout dix ans plus tard.

Nouveaux Réalistes = N.R. = nouvelles approches perceptives du réel (par l’intermédiaire d’un objet ou d’un concept).

Artistes du mouvement :

Fernandez Arman, François Dufrene, César,Raymond Hains, Christo, Gérard Deschamps, Martial Raysse, Daniel Spoerri, Jean Tinguely, Niki de Saint Phalle, Jacques de la Villegle, Pierre Restany, Yves Klein et Mimmo Rotella.

Ils prennent position pour un retour à la réalité en opposition au lyrisme de la peinture abstraite, mais sans tomber dans le piège de la figuration.
Les artistes de ce mouvement utilisent des objets prélevés dans la réalité concrète de leur temps à l’image des ready made de
Marcel Duchamps. C’est avec ce dernier que l’objet est rentré dans l’histoire de l’art.
Le spectateur doit être plus actif et le savoir-faire commence à poser question, l’art ne doit plus être laborieux.

C’est un retour aux sources que préconisent les nouveaux Réalistes, ils veulent nous dire la beauté du quotidien et invitent le consommateur à être également un producteur d’art.

Quelques exemples :

Yves Klein,
Il dématérialise l’objet, est précurseur de l’art corporel.
Il invente une nouvelle couleur, l’« IKB », International Klein Blue, qui est un monochrome bleu.
Il est l’auteur des anthropométries, ou de jeunes femmes nues enduites de peinture bleue se roulent sur une grande toile blanche créant ainsi la trace visible de leur mouvements.
Ce sont des actions spectacles, les « happenings », ou l’œuvre d’art se construit et se déconstruit devant le spectateur. Plus tard on parlera de « performances ».

Daniel Spoerri
Il fixe l’instant d’un repas, nécessité de revenir aux sources après l’abstraction lyrique.

Fernandez Arman
Il coule des objets dans du béton, il casse les objets qu’il remet en valeur par la suite.
On quitte le romantisme de l’objet, on le détruit pour en faire autre chose ; le résultat coulé dans le béton donne une apparence archéologique.
Exemple : « Home Sweet home »
Il accumule des masques à gaz, pour faire référence à la guerre chimique.
Le matériau noble disparaît, on n’utilise plus de bronze, de pierre mais de la tôle, du ciment et des matériaux industriels.
Il utilise aussi des déchets produits par la société, et ça devient un bibelot. A cette époque les artistes polluent beaucoup et utilisent des produits toxiques sans le savoir.

César
Les compressions de César. C’est un art de l’assemblage et de l’accumulation d’éléments empruntés à la réalité quotidienne. Il leur donne une structure architecturale.
Il met en pièce des autos qu’il broyées et compactées par l’intermédiaire de la machine et en fait un montage-sculpture.
L’aspect manuel et savoir-faire a disparu. La création s’opère par l’intermédiaire de la machine….

Jacques de la Villegle
Il déchire des affiches trouvées dans la rue, et les recompose pour en faire un tableau.
Il vise à retrouver la face cachée de l’invisible et la couleur en dessous des affiches.

Évolution artistique de Niki de saint Phalle

Les thèmes abordés par l’artiste sont la naissance, la maison, les monstres et les rapports entre l’homme et la femme, la danse et les fêtes.

A propos des œuvres et de l’évolution artistique :

A ses débuts Niki de saint Phalle admirait Marcel Duchamps, Picasso, Matisse, Gaudi et le facteur Cheval. C’est une artiste « populaire » » qui à ses débuts est à mi-chemin entre l’art brut et l’art savant d’un Jean Dubuffet (assemblages), et son œuvre irradie d’une énergie jubilatoire.
Un pas important est franchi quand elle décide d’incorporer des objets dans ses peintures comme des cailloux, tessons de céramiques, ours en peluche, petites voitures, objets coupants et blessants,…
Tous ces objets encore parfaitement identifiables témoignent de la rencontre entre l’art et la vie, sans renoncer ni à l’un ni à l’autre.

Les peintures assemblages.

De 1956 à 1961, Niki incorpore dans du plâtre des objets de la vie quotidienne (des objets coupants, blessants, ciseaux, dînette, jouets d’enfants, poupée, clous, couteaux, rasoirs, etc…) et fait des assemblages-tableaux remplis de poésie.
Elle dit : « l’agressivité qui était en moi commençait à sortir, je me mis à faire passer la violence dans mon œuvre ».

Il y a une connivence avec certains artistes américains des années 1950 à New York (Pollock incorpore toutes sortes d’objets dans ses drippings comme des clous, mégots de cigarettes, allumettes,…) et les Nouveaux Réalistes des années 1960.

Cette activité artistique est indispensable à son équilibre et lui permet d’expulser des émotions violentes. Elles préfigurent de ses fameux tirs.
Ces tableaux reliefs et assemblages sont parfois si beaux qu’ils occultent l’horreur qui s’y cache derrière.
Ces assemblages disparates, lourds de réminiscences sont des vecteurs d’exorcisme autant pour l’artiste que pour le spectateur.
Et tout cela fait écho au plus profond de notre être.
Ex « violon », circa 1960 61, Paris
Le rouge à lèvre

Les tirs : premières consécrations !!!

Durant deux années, l’artiste va élaborer ses « actions-tirs » qui vont la projeter sur la scène artistique internationale.
Il s’agit de poches de peinture incorporée dans du plastic, fixées à une planche de bois par du plâtre, et des clous. Avec un fusil déniché chez un forain, elle tire sur ces poches et fait « saigner » la peinture. Frissons de la fête foraine, avec la chance de pouvoir participer au processus créatif…

Une nouvelle étape est franchie. C’est une époque où le monde est secoué de convulsions violentes, le beau et le nouveau baignent dans un climat de terreur.
Ces tirs ont libéré les forces créatrices en elle. Après les tirs tout était possible !!!

Avec les tirs l’artiste dynamise le réel, elle tire sur tout ce qui lui fait horreur, la guerre, la violence, son père, etc… et elle fait saigner la peinture.

-« J’imaginais que la peinture se mettre à saigner, blessée de la manière dont les gens peuvent être blessés. » dit elle.
La peinture devenait une personne avec des sentiments et des sensations.
Son intuition lui permet de retrouver tout un courant de pensée qui, de Kandinsky aux analyses de Mikel Dufrenne, affirme que l’œuvre détachée de l’artiste devient une personnalité, un sujet indépendant.

Niki de Saint Phalle a su faire évoluer sa découverte des tirs afin de donner aux actions et à leurs résultats une consistance véritablement esthétique.
Après les poches (une seule fois), elle utilise des bombes de peinture, puis des bombes fumigènes
et le résultat devient des « actions-spectacles ». A la même époque aux USA apparaissent les « happenings ».
Allan Kaprow présente 18 happenings en 1959 (rituel le mettant en scène et impliquant la participation du public)

Portrait of my lover de Niki de Saint Phalle.

Les autels, les mariées et les monstres (période blanche)

L’artiste s’attaque à son éducation religieuse trop rigide et veut l’effacer…

Autel O.A.S. 1962

Les nanas.

Éloge de la femme resplendissante de liberté, de joie et de certitude.
C’est le féminin intuitif magique…
Après le féminin torture des mariées en blanc, voici les nanas resplendissantes !
C’est la femme au pouvoir, épanouie, dispensatrice de vie, aux formes généreuses et rebondies, et qui donnent l’aspect d’une légèreté aérienne malgré leur formes très généreuses, ce qui est contradictoire.
Les premières nanas sont construites en papier mâché et en tissu, matériau soutenu par un treillage métallique façonné.

La Hon et les sculptures monumentales.
Déesse païenne de la fécondité.
Œuvre gigantesque réalisée avec jean Tinguely et va déclencher toute une série de sculptures monumentales comme le paradis fantastique à Stockholm, le Golem à Jérusalem, Le dragon à Knokke-le-Zoute, etc…
Les affinités entre les architectures luxuriantes de Niki de Saint Phalle dans son jardin en Toscane et la démesure du palais idéal réalisé par le facteur Cheval sont évidentes.
Au contact de ses œuvres, on partage sa jubilation, on s’émerveille et on devient plus léger, et on éprouve un bonheur rare.

Elle dit réaliser des totems pour rendre les gens heureux.

Les skinnies, les lampes et les bronzés.

Elle crée des déesses et des dieux égyptiens dotés d’une forte présence charnelle.

Après la mort de jean Tinguely, elles réalise ses tableaux éclatés

Son œuvre culminante : le jardin des Tarots, 20 années de préparation….
C’est en découvrant l’œuvre de Gaudi, la Sagrada Familia au parc Guell à Barcelone que Niki va vouloir créer son propre jardin à Garavichio en Toscane.

Il se compose de 22 sculptures monumentales inspirées des cartes du tarot. mais aussi de réalisations architecturales comme le « palais idéal » du facteur Cheval (art brut) et le parc des montres de bombardons en Toscane.
Les sculptures sont : le magicien, la grande papesse, la force, le soleil, la mort, le diable, le monde et le fou, le pendu, la justice, l’injustice, les amants, l’ermite, la tour, l’empereur, la luxure, l’impératrice, le chariot, l’étoile, le jugement, la lune et la tempérance.
Ce jardin doit se parcourir comme un cheminement et est réalisé pour « rendre les gens plus heureux » dit l’artiste.
C’est un désir de sculpture qui creuse et qui va à l’intérieur.
L’artiste dit avoir réalisé son jardin par nécessité vitale pour elle, elle crée un lien entre la sculpture et la nature. Il manifeste son besoin de sublimer ses monstres intérieurs par son art…
Elle dit :
– « La valeur ésotérique des cartes de tarots m’a donné une plus grande compréhension du monde spirituel et des problèmes de la vie, et aussi un éveil aux difficultés qui doivent être surmontées pour qu’on puisse à la prochaine épreuve et à la fin du jeu trouver la paix intérieure et le jardin du paradis. »

Elle commence par l’Impératrice, carte de l’intelligence et de la sagesse, avec deux seins gigantesques.
– Dans l’un, elle dormira, elle y installe sa chambre. Cette impératrice symbolise la femme et la mère protectrice et féconde.
– Dans l’autre elle installe la cuisine où se dérouleront toutes les réunions de chantier. La grande déesse a donc été réalisée pour y vivre !

L’acoustique y est extraordinaire, comme dans une cathédrale.

C’est un retour au sein maternel, à la vie, on recommence tout, et toutes les autres sculptures vont être réalisées et conçues dans l’Impératrice.

Cette Impératrice évoque par sa position le SPHYNX du mythe d’Œdipe, ou encore celui de Gizeh, gardien des lieux. A l’extérieur des cercles concentriques colorés recouvrent la surface des seins, tel un mandala, symbolisant un amour sublime. Cette Impératrice de couleur noire possède une petite couronne rouge, telle la crête d’une mère poule et un voile-chevelure bleu brillant parsemé d’étoiles qui évoque le voile d’une fée ou de la Vierge des chrétiens.

Elle dit aussi être devenue artiste car il n’y avait pas d’autres alternatives. Chaque problème rencontré dans sa vie, elle va les résoudre par la métaphore.
A l’intérieur de l’Impératrice, où des miroirs reflètent la lumière de partout, il y a trois sculptures :

Le chariot qui représente la victoire (triomphe sur ses adversaires, résolutions de ses problèmes ),
L’étoile du renouveau (c’est l’être complet, pas fragmenté, la santé physique et spirituelle),
Et la troisième : le jugement, appelle au renouveau.

C’est trois parties de nous-mêmes : l’enfant, l’homme et le vieillard que nous devons réunir.
L’ange qui les regarde les invite à se réunir.

L’artiste se reconstruit dans et au travers de ses œuvres.

Et au-delà de la lecture décoratives de ses œuvres se cachent toujours des questionnements sociétaux :
– La femme et sa place dans la société,
– Les rapports hommes – femmes
– La discrimination raciale,
– La violence et la guerre, etc…

Le chariot.

Bibliographie. (à compléter)
• Inconnu, fiche Les arts du visuel n° 76 : Niki de Saint-Phalle, Editions Inspection Académique du Pas de Calais, collection Des Œuvres aux Maîtres, sans date.
• COLLECTIF, Niki de Saint Phalle, Genève, Editions Naef-Kister, collection Misée d’Art Moderne et d’Art Contemporain – Nice, 2002
• Niki de SAINT PHALLE, Tableaux éclatés (Œuvres exposées su 24.06 au 12.09.1993 au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, Paris, Editions La Différence, 1993
Sites web.
• http://next.liberation.fr/culture/2010/06/05/art-saint-phalle-imperatrice-du-jardin-656777, consulté le 1er avril 2016.
• http://laromedejulie.com/2013/07/le-jardin-des-tarots-niki-de-saint-phalle/, consulté le 1er avril 2016.
• http://www.alainamiel.com/niki.htm, consulté le 27 mars 2016.

Niki de st Phalle 160428.docx​1/10​28/04/2016

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